Bob a joué à… SERIOUS DUKE 3D

J’ai souvent parlé sur ce site de jeux de tir à la première personne, FPS et autres doom-like. Il s’agit d’un genre que j’apprécie particulièrement et j’assume entièrement l’aspect « bas du front » de ce type de jeu : Bob joue pour s’amuser, et exploser des caboches au fusil à pompe à la chaîne et projetant des gerbes d’hémoglobine au plafond, c’est marrant. Point barre ! D’ailleurs, l’un des articles les plus consultés sur bobdupneu.fr n’est autre que mon tutorial sur l’installation de Brutal Doom, un mod de grande qualité pour Doom, la légende du FPS.

Légende, mais aussi machine à cash : le succès insolent de Doom (1993), et surtout de sa suite Doom II (1994), ne pouvait pas laisser la concurrence indifférente. Mais proposer quelque chose à la hauteur du mètre-étalon de la discipline n’était pas quelque chose de simple. C’est pourtant ce que tente, et réussit en grande partie, 3D Realms avec Duke Nukem 3D en 1996. Mais pour exister face à l’excellence technique de Doom II, il fallait un petit truc en plus. La violence étant déjà bien représentée dans Doom, elle ne pouvait suffire (bien que nécessaire pour exister aux yeux des gamers du mitan des années 90 !). Duke Nukem 3D fera donc le pari de la vulgarité. Et ça a marché, très bien même ! Enfin, de Janvier à Juin 1996. Car en Juin 1996, id Software, développeur de Doom, sort Quake, la « suite technique » de Doom. Et si Build, le moteur graphique de Duke Nukem 3D, arrivait sans mal à tenir la comparaison avec le Doom Engine (aujourd’hui appelé id Tech 1) – voir même à le surpasser sur plusieurs points – il ne peut tenir la comparaison avec le Quake Engine (aujourd’hui appelé id Tech 2)…

3D Realms en 2024. Ca fait pas rêver…

La suite, on la connaît, et comme par « on » j’entends les vieux comme Bob, je vais résumer pour les jeunots : Quake et ses suites – dans la lignées de leurs glorieux aïeuls Wolfenstein 3D et Doom – repoussent les limites techniques tout en finissant de définir ce qu’est un FPS (un temps appelé doom-like, puis quake-like), id Software demeure une référence du secteur, même après le départ de ses fondateurs et les rachats successifs de Zenimax puis de Microsoft. Une trentaine d’années après, Wolfenstein, Doom et Quake continuent à être des licences populaires et rentables, dont les suites et reboots étaient globalement de grande qualité.

Pour 3D Realms, le destin fut tout autre : malgré le succès indéniable de Duke Nukem 3D (et des add-ons de cartes additionnelles publiés en leur temps) et son empreinte indélébile dans la pop-culture, le jeu ne laissera pas d’héritage : le moteur build sera oublié après trois autres jeux inégaux (Shadow Warrior, Blood et Redneck Rampage), et l’arlésienne Duke Nukem Forever conduit 3D Realms à la liquidation judiciaire en 2009; le studio est certes encore techniquement existant, mais condamné à sortir de petits projets sans intérêt ni envergure. Et le bon vieux Duke marche désormais en cow-boy à force d’avoir été envoyé au tapin par Gearbox Software (actuel propriétaire de la licence) sur tout ce qui fait tourner un jeu vidéo. Mais si le premier opus demeure exploité de façon déraisonnable, il n’y a jamais eu de « vrai » Duke Nukem 3D 2 !

Oui, bon, ok, Duke Nukem Forever a fini par sortir en 2011, Gearbox Software reprenant une fois de plus tout à zéro pour proposer en 2011 – plus de quatorze an après l’annonce initiale – un FPS générique, techniquement dépassé et qui pensait reprendre l’esprit trash de Duke Nukem 3D avec du softporn et un humour pipi-caca peu inspiré. J’avais fini par y jouer après avoir trouvé le disque Xbox 360 dans une foire à 1 euros, et, même si je ne dis jamais non à une paire de de seins virtuels et à quelques blagues bien grasses et beaufs, je m’étais malgré tout ennuyé ferme. Mais bon, le jeu a été développé en 18 mois en gros (liquidation de 3D Realms en Juin 2009, commercialisation en Juin 2011). Au final oublié de tous – car mauvais sans être le pire jeu jamais vu – Duke Nukem Forever existe encore dans les fantasmes de fans bloqués à la démo E3 de 2001, revigorés par le leak de 2022 (les fichiers sont ici, pour utilisateurs avertis tout de même, il faut compiler tout le bazar !).

Icône du monde vidéoludique, le Duke n’en demeure pas moins au final qu’une figure du passé, dont les résurrections régulièrement annoncées ne sont que des tentatives de moderniser un peu l’opus de 1996, qui font souvent long feu. Alors ne restent que quelques trips nostalgiques un peu boostés avec des textures HD, ou des compilations avec 2-3 bricoles pour faire passer le prix (en euros) de la nostalgie. Voire un film par les créateurs de Cobra Kai, dont la destinée me paraît bien incertaine (mais il m’arrive de me tromper. Rarement !). Il faut dire qu’à une époque ou l’industrie vidéoludique semble se mettre au garde-à-vous des injonctions des nouveaux bien-pensants avec l’adoption de politiques « DEI », le Duke est un peu anachronique !

Anachronique, certes, mais toujours dans le coeur du vieux Bob. Et d’autres visiblement. Notamment dans ceux de Syndroid et de NSKuber, deux moddeurs actifs sur le Steam Workshop, et qui ont décidé de recréer le premier épisode de Duke Nukem 3D avec le moteur de Serious Sam 3. Et ils sont allés au bout de leur projet, disponible gratuitement sur Steam ! Enfin, ça fait 4 ans que le projet est publié. Bob est une fois de plus bien raccord avec l’actualité ! Et puis gratuitement… pas tout à fait; puisqu’il faut disposer de Serious Sam 3. Comme par hasard, Serious Sam 3 est actuellement en promotion -90% sur Steam jusqu’au 11 Juillet (2024) : il ne vous en coûtera donc que 2,89€ ! (Coup du hasard… pas totalement : Bob le radin attendait une promo de Serious Sam 3 pour tenter l’expérience Serious Duke 3D !) (note : Bob est tellement productif qu’entre le début de la rédaction de cet article et sa publication, la promo a pris fin 😀 Mais elle reviendra !).

Serious Sam est une série qui commence à être assez ancienne et qui semble avoir trouvé son public, mais à côté de laquelle je suis complétement passé. Et elle ne m’attire pas plus que ça, même si le cocktail « FPS à l’ancienne + sang » semble conçu pour moi… Mais l’ossature du jeu est idéale pour adapter et moderniser Duke Nukem 3D. Et le pari est réussi à mon sens : en parcourant les cinq niveaux du mod, j’ai retrouvé les sensations ressenties il y près de 30 ans lorsque je maltraitait les agents porcins du L.A.R.D. pour la première fois. Et pour la première fois depuis des années, je n’ai pas eu l’impression de faire du retrogaming en parcourant une fois de plus des lieux bien connus !

Comment se fait-ce ? Déjà, même si le moteur de jeu est assez ancien (Serious Sam 3 est sorti en 2011, il utilise le Serious Engine 3.5 qui n’est qu’une légère amélioration du Serious Engine 3 sorti en 2009), le mod propose des graphismes et une physique qui demeurent tout à fait acceptables aujourd’hui, et en tout cas bien supérieurs à ceux de Build. Pour l’anecdote, Duke Nukem Forever, la merveille développée par Gearbox en 18 mois et proposée aux joueurs la même année que Serious Sam 3, utilisait l’Unreal Engine 1, lancé en 1998 (alors que le dernier jeu utilisant ce moteur datait de 2003 et que l’Unreal Engine 3 était disponible !). Sur le papier, Serious Duke 3D peut donc proposer un graphisme et une physique bien supérieurs à Duke Nukem Forever. En pratique, ce n’est pas aussi simple, car il y a d’un côté deux moddeurs qui bidouillent comme ils peuvent sur leur temps libre, avec les outils à leur disposition (mais avec passion et talent), de l’autre une équipe de professionnels qui dispose d’expérience, d’outils dédiés, de spécialistes dans chaque domaine et qui a la possibilité de pousser au maximum un moteur techniquement irréprochable et bien connu. Mais quand bien même, Serious Duke 3D n’a pas à rougir !

En haut, Duke Nukem ForeverEn bas, Serious Duke 3D

La différence se voit surtout sur les animations, les éclairages, le post-processing et les collisions : des domaines difficiles à maîtriser, qui font appel a des compétences très différentes et – surtout – qui sont abominablement chiants à débugger ! Mais dans l’ensemble, aidé par une base solide (j’ai même envie d’essayer Serious Sam 3 désormais, car le moteur a quand même l’air bien chiadé !), ce qui demeure un mod gratuit propose une très bonne expérience. On reconnaît les niveaux sans difficulté, les secrets les plus connus sont bien présents (je ne suis pas allé vérifié si tous ont été reproduits ! De toute façon, j’en ai oublié beaucoup avec les années) et les babes sont là. Bon, elle ne réagissent pas au dollar généreusement offert, ne supplient pas qu’on les tue et certaines ne son pas animées, mais elles sont bien là, avec des formes en 3D !

Duke Nukem, c’est avant tout la poésie et le respect de la femme !

Les moddeurs se sont fait plaisir avec quelques extensions des niveaux (le plus remarquable étant un passage en mode « Chérie j’ai rétréci les gosses » assez bien pensé) et de petits easter-eggs disséminés çà et là.

Egalement, une accolyte nous file un coup de main (bionique) dans le niveau du Couloir de la Mort et dans le niveau final (ou elle conduit le Monster Truck de Duke Nukem Forever). Il m’a fallu chercher un peu, mais il s’agit de Shelly Harrison, l’avatar que le joueur incarne dans Bombshell, un jeu raté de 3D Realms. Pour la petite histoire, Bombshell reprend ce qui avait été développé par Interceptor et qui devait devenir Duke Nukem : Mass Destruction; Gearbox (détenteur de la licence) ne l’entendant pas de cette oreille, le projet a été pulvérisé par une horde d’avocats. Shelly Harrison, qui devait à l’origine n’avoir qu’un peut rôle de PNJ support, a donc été proclamée duchesse à la place du duc. Bombshell a fait un gros flop, mais replacer Shelly Harrison dans Serious Duke 3D est un joli clin d’oeil que seuls de véritables amoureux de la licence étaient en mesure de réaliser !

Les armes iconiques de la série sont bien là; seul le shrinker est un peu décevant : pour mémoire, ce fusil rétrécissait les ennemis qui devenaient d’inoffensifs Minipouss que le Duke écrasait ensuite d’un coup de ranger sans pitié. Maintenant, il s’agit d’un fusil laser lambda : on touche là aux limites du modding en général, qui doit faire avec la physique prévue dans le jeu moddé. Mais Syndroid et NSKuber se font pardonner avec le coup des pipebombs actionnée par un plip !

Attention toutefois à l’enthousiasme du vieux Bob : Serious Duke 3D modernise Duke Nukem 3D, mais il ne révolutionne ni le jeu, ni le FPS ! Serious Sam 3 a déjà presque quinze ans, et il n’a jamais prétendu apporter du neuf : au contraire, son argument de vente est de proposer un FPS « à l’ancienne ». Serious Duke 3D n’est donc pas un modern-FPS à la CoD, mais il demeure loin des subtilités de gameplay des fast-FPS actuels, dont le meilleur représentant actuel n’est autre que Doom Eternal (la boucle est bouclée !). Serious Duke 3D se retrouve au final piégé à l’intérieur d’une ligne de temps alternative dans laquelle id Software n’aurait jamais sorti Quake (et Epic n’aurait jamais sorti Unreal !), le FPS demeurant pour l’éternité un doom-like dont seuls les graphismes évoluent. Et pourquoi pas, tant qu’il y a des démembrements gores !

Bref, Serious Duke 3D est une expérience pour nostalgeek à tenter un après-midi pluvieux (et l’été 2024 s’annonce idéal pour cela) : comptez environ 4 heures pour faire le tour du mod, sans forcer. Mais 4 heures de fun ! Et pour l’installation ? Vous suivez les instructions (en anglais) de la page Steam du jeu. Ou vous lisez les lignes qui suivent, car Bob dans sa grande générosité vous explique comment faire, dans la langue de Molière. Plaisir d’offrir !

Bob Dupneu

Par ailleurs

Installation de Serious Duke 3D

Comme indiqué, Serious Duke 3D est un mod de Serious Sam 3 : BFE, rattaché au Steam Workshop. Il vous faut donc Steam et une copie de Serious Sam 3; Serious Sam 3 vient avec Serious Sam Fusion 2017 : BFE, un HUB qui regroupe tous les Serious Sam possédés et permet de lancer les mods (le HUB est disponible indépendamment, mais Serious Sam 3 est nécessaire pour Serious Duke 3D : il est donc inutile d’avoir Serious Sam Fusion 2017 seul).

Pour faire simple, recherchez et achetez Serious Sam 3 : BFE dans Steam et installez-le; Serious Sam Fusion 2017 : BFE doit devrait normalement être apparu dans votre bibliothèque Steam : installez-le avec ses DLC :

Une fois les installations de Serious Sam 3 et Serious Sam Fusion terminées, allez dans « Bibliothèque -> Workshop »

La page d’accueil du Steam Workshop s’affiche, recherchez Serious Sam Fusion dans l’encadré « Parcourir tous les Workshops » (le plus simple est probablement d’afficher l’onglet « Jeux récents »).

La page Serious Sam Fusion 2017 (beta) du Workshop s’affiche alors; dans les articles disponibles, recherchez une des créations de Syndroid (Death Row et Toxic Dump doivent s’afficher parmi les premier). Sélectionnez un de ces articles (dans mon cas, Death Row); la page de l’article s’affiche.

En faisant défiler la page, un lien vers la collection Serious Duke 3D est présent : cliquez pour afficher la page de la collection :

En faisant défiler la page, la liste des articles de la collection s’affiche : en haut à gauche, cliquez sur « S’abonner à tout ».

Une mise à jour de Serious Sam Fusion démarre alors (pour 1,3 Go – Démarrez-là manuellement si besoin). Une fois la mise à jour terminée, lancez Serious Sam Fusion 2017 (beta) et sélectionnez « Jouer à Moddable ».

Si tout s’est bien passé, la campagne Serious Duke 3D est disponible : lancez le premier niveau et faites un massacre !

Bob est conscient que la méthode est un peu alambiqué, mais rechercher « Serious Duke 3D » dans le moteur de recherche du Workshop ne produit aucun résultat exploitable, et je n’ai pas trouvé de méthode plus fiable pour trouver le mod, tant la navigation dans le Workshop est dégueulasse !

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